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This mortal coil m’avait reconnecté avec le passé, avec cette décennie
que j’avais ignoré. Le matin les rayons du soleil filtraient au travers
des rideaux un peu jaune de la fumée de nos cigarettes du soir très
tard. Sur la cheminée il y avait une tête en pierre, un peu verte, un
peu penchée, un truc qu’elle avait fait de ses mains. Le soir, la lampe
de chevet placée à ses cotés lui donnait un semblant de vie dans la
lumière jaune baveuse. Il y a un soir où on lui avait inventé des mots,
dans sa bouche figée un peu tordue, ceux que l’on ne se disait pas.
La voix d’Howard Devoto sur Holocaust m’avait fait faire un bon en
arrière, comme de croiser au détour d’une rue, vingt ans plus tard, un
amour éperdu d’adolescence. J’avais si peu existé tout ce temps là,
j’avais fait quoi, à part flirter avec la transparence. Le matin quand
elle n’était pas là, j’avais le temps de lire les notes de la pochette
et d’y retrouver ce nom connu puis oublié pendant que le café fumait sur
la table de la cuisine, jouant à cache-cache avec les rayons du soleil,
ceux qui filtraient au travers des rideaux jaunis de nos cigarettes
nocturnes.
Holocaust, c’était comme une lame me traversant le corps. Je n’étais
pas à ma place, cette chanson me le rappelait ou bien était-ce ses
absences répétées durant lesquelles je passais comme une obsession ce
disque en boucle. Quelque part, mes pupilles prenaient la teinte de la
pochette. Holocaust, la chanson d’Alex Chilton, moi qui avait ignoré Big
Star et qui ignorait tout encore de 4AD et d’Iwo Watts-Russell.
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mercredi 10 juin 2015
vendredi 5 juin 2015
L'homme et la mer, Charles Baudelaire
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !
mercredi 6 mai 2015
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