mardi 12 février 2019

Henri Michaux, poèmes

« Un moment qui traverse la route. Un moment qui n’insiste pas.
Un moment plutôt errant.
Un moment lendemain de grands moments »
(Lieux, moments, traversées du temps)

« Le chemin enchanté des regards
refait le corps admirable, et l’être semblable.
Mais l’automne, mon ami, est mon souci
l’automne, si tu comprends
Douce est l’origine de ailes… »
(Annonciation)

MA VIE S'ARRÊTA
J'étais en plein océan. Nous voguions. Tout à coup le vent tomba. Alors l'océan démasqua sa grandeur, son interminable solitude.

Le vent tomba d'un coup, ma vis fit « toc ». Elle était arrêtée à tout jamais.

Ce fut une après-midi de délire, ce fut après-midi singulière, l'après-midi de « la fiancée se retire ».

Ce fut un moment, un éternel moment, comme la voix de l'homme et sa santé étouffe sans effort les gémissements des microbes affamés, ce fut un moment, et tous les autres moments s'y enfournèrent, s'y envaginèrent, l'un après l'autre, au fur au mesure qu'ils arrivaient, sans fin, sans fin, et je fus roulé dedans, de plus en plus enfoui, sans fin, sans fin.